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Catherine Da SILVA, GiRÂNDOLA (2014). Lisbonne (Portugal)
Portugal (Lisbonne / Lisbon)

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Photo : 1 2 3 4 5

Le projet GiRÂNDOLA de l’artiste franco-portugaise Catherine Da Silva est un hommage à la Révolution de 1974, dit « révolution des œillets », dont on fête en 2014 le 40ème anniversaire. La révolution portugaise a été un événement remarquable et poétique unique, une révolution pacifique réalisée par des jeunes militaires et le peuple portugais afin d’établir une démocratie.
Sur la place Largo du Carmo à Lisbonne (photos 1,2,3) sont implantées huit sculptures animées de lumière évoquant les œillets rouges que la foule en liesse avait offerts aux militaires qui venaient de les libérer du joug de 48 années de dictature. Huit comme le nombre des principales réunions clandestines – organisées par les insurgés dans différents lieux du pays en prélude à la révolution. L’artiste a inscrit les coordonnées GPS de ces différents lieux en projection lumineuse (gobos) sur les façades des bâtisses alentours. L’implantation de l’œuvre sur la place Largo du Carmo est intimement liée à deux événements majeurs de l’histoire du Portugal dont témoignent l’église et le musée archéologique, uniques vestiges du tremblement de terre de 1755. Mais encore, le bâtiment de la Garde Nationale Républicaine, lieu dans lequel en 1974 le chef de l’Etat déchu s’était réfugié avant de se rendre aux révolutionnaires.
Les formes de ces sculptures évoquent certes celles de l’œillet mais rappellent aussi les cheminées d’extraction éoliennes des immeubles dont l’artiste s’est inspiré parce qu’elles sont des éléments familiers du paysage urbain de Lisbonne et aussi parce que leur scintillement sous les effets du soleil crée des pétales de lumière qui font penser à des fleurs. Comme une girouette, les « œillets de lumières » tournent et se repositionnent au gré du vent.
Une autre référence s’insinue également dans cette œuvre riche en symboles, le mot GiRÂNDOLA (c'est le nom en portugais donné aux cheminées d'extraction éoliennes) est proche du mot Grândola du nom du chant révolutionnaire qui résonna sur les ondes de la radio nationale portugaise en signe annonciateur du déclenchement de la Révolution. Plusieurs niveaux de lectures se conjuguent ainsi dans ce travail complexe.
Mais ce projet est d’abord et avant tout, comme le souligne l’artiste, une occasion de célébrer cette Révolution portugaise qui a vu de jeunes militaires renverser une dictature et installer pacifiquement une démocratie, un exemple historique unique. L’œillet rouge symbole de liberté est un message universel de paix et d’espoir pour le monde.
Alors qu’une des sculptures sera conservée de façon permanente soit sur la place Largo du Carmo - une négociation est en cours avec le service des Monuments historiques – soit dans un autre lieu encore non déterminé de Lisbonne, les autres sont destinées à intégrer progressivement les différents sites où se sont tenues les réunions préparatoires à la révolution. L’une a déjà rejoint le site d’Alcáçovas (photo 4).
L’artiste a voulu aussi que le projet soit divulgué au-delà des frontières du Portugal. Les « œillets de lumière » pourraient être implantés dans d’autres villes, en Europe et en Amérique Latine notamment, pour rappeler l’esprit de cette révolution. Un spécimen a été implanté en octobre 2014 dans le cadre des Nuits Blanches sur la place du Châtelet à Paris (photo 5). L’œuvre est donc amenée à continuer à vivre et à se développer et avec elle la mémoire de l'événement qu'elle commémore.

Photos 1,2,3,4 (c) Tiago Gonçalves
Photo 5 (c)Catherine Da Silva

Contact: Catherine Da Silva
E-mail: luxiol@hotmail.com


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