MAGAZINE D'INFORMATION

OS GEMEOS, Le Géant de Boston (2012-2013).
USA (Boston)

Photo
© art-public

C'est l'Institut d'Art Contemporain (ICA) à Boston qui a permis aux frères Os Gemeos de réaliser une oeuvre murale, sur le bâtiment en face de la gare South Station. Elle accompagnait une exposition des travaux de ces deux artistes présentés simultanément au ICA qui dépeignant la situation des sans-abri, les enfants des rues au Brésil.

Quand la peinture murale a été faite, les couleurs vives semblaient enchanter les passants, parmi lesquels figuraient de nombreux visiteurs arrivant en bus ou en train à Boston, ainsi que les automobilistes roulant vers le nord en direction du nouveau tunnel. En tant que défenseur de l'art public et ancien administrateur des arts, j'ai d'abord applaudi à l'impact vibratoire de la couleur et l'image de l'enfant. Mais lorsque l'unique portrait a finalement été peint, les yeux avaient l'air très peu enfantin. L'oeuvre est apparue sinistre - Non pas que je soupçonne les responsables de l'ICA de l'avoir voulu ainsi, parce qu'ils n'avaient pas vu au préalable l'esquisse du projet et donc ne connaissait pas exactement l'intention des artistes! L'absence d'une esquisse préliminaire défie le but même de l'art dans un lieu public, administré par une institution ou un organisme d'art .
Depuis le 11 septembre 2001 les habitants de Boston ont ressenti douloureusement le fait que les avions des terroristes avaient décollé de leur aéroport. Cette peinture murale était la première chose que les gens sortant de la gare South Station voyaient en arrivant dans la ville. Ils ne pouvaient pas l'éviter, elle s'imposait à eux. Malgré ses merveilleuses couleurs, le portrait avait l'air menaçant - à cause du foulard ceint autour de sa tête. Il pouvait être sujet à diverses interprétations en relation avec des événements nationaux et internationaux plus ou moins récents. C'était une lourde responsabilité de projeter une telle image dans la ville et notamment dans le contexte de Boston. Quand j'ai appris que les artistes n'avaient pas montré l'esquisse à l'ICA, et que l'ICA n'en avait pas nécessairement réclamé une, j'ai été à la fois surpris et atterré.

Ce lieu est un site de choix pour l'art public parce qu'extraordinairement visible au coeur de la ville. Les oeuvres produites ici ne devraient pas inciter à la peur, ni déranger les passants qui s'y trouvent confronter. Surprise et étonnement, ambiguïté et questionnement, sont bien sûr bienvenues, mais à l'avenir on devrait s'interroger davantage en amont sur la réceptivité de tels projets. Ainsi les esquisses des artistes devraient-elles être examinées par un comité comprenant des citoyens qui ne sont pas nécessairement des artistes afin de connaître aussi la sensibilité de ce public.

Références:

Le mural des Frères O'Gemeos a suscité une certaine indignation et un certain malaise, et a créé beaucoup de réactions publiques, dont certaines ont conduit à des commentaires racistes et des pensées dogmatiques à propos de ce que le portrait sur le mur signifiait réellement.
Les commentaires d'abord apparus sur la page Facebook de Fox 25, et plus tard ont attiré une attention nationale.

https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10151029176628122&set=a.263598063121.140595.168744703121&type=1&theater

Les artistes ont pour leur part affirmé que la peinture murale représentée un jeune garçon en pyjama, avec des vêtements enroulés autour de sa tête, mais des spectateurs y ont vu davantage un portrait qui ressemblait à un «terroriste» et à une «tête enrubannée".

https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10151029176628122&set=a.263598063121.140595.168744703121&typ

http://www.osgemeos.com.br


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