Michel VERJUX


France (Cergy Pontoise)

Les développements du plateau de Saclay / Saint-Quentin-en-Yvelines en font au début du XXIème siècle un carrefour de la matière grise, un centre d'envergure européenne, une des "étoiles" de la recherche du "village planétaire" avec tous les réseaux de communication que cela nécessite.
Mais ce territoire qui communique avec le reste du monde n'a pas pris la mesure d'un enjeu capital: celui de l'urbain. Un lieu de pouvoir scientifique doit également être un lieu d'une exceptionnelle qualité. Le plateau de Saclay a-t-il la capacité à devenir un lieu de rencontre entre le local et le global, entre l'urbain et le rural?


Artiste en résidence : Michel VERJUX

Comment éclairer, comment exposer ce qui est déjà là, devant nos yeux, mais que nous ne semblons plus voir et, comment faire de ceci une œuvre d'art, aujourd'hui ? Ce processus de mise en lumière développé par Michel Verjux est une métaphore claire et efficace de la mise en art d’un territoire, de cet entre-deux Territoire-Paysage (François Jullien, 2014). Processus primordial pour comprendre et accompagner l'évolution continuelle des structures de la Ville.
Le « monde d’aujourd’hui » nous détermine à cette réflexion sur l’architecture, la ville, le paysage.



Programme-territoire-thème

Éclairer, c’est déjà exposer. Mais pourquoi exposer ce qui est là, devant nos yeux ? Et pourquoi revendiquer une telle action comme une œuvre d’art ? Depuis 1983, avec mes « éclairages » (comme un peintre dit « mes peintures », je dis « mes éclairages »), je travaille sur différentes questions dont celles-ci : comment éclairer, comment exposer ce qui est déjà là, devant nos yeux, mais que nous ne semblons plus voir et, last but not least, comment faire de ceci une œuvre d’art, aujourd’hui ?
Mes œuvres sont constituées de projections de lumière, directionnelles, cadrables et focalisables qui viennent éclairer les endroits, les lieux ou les espaces les plus variés. Et chacune d’entre elles peut être vue sous des angles divers : celui de l’événement, celui de l’acte, celui de l’objet, celui de du dispositif ou celui du signe en quoi consiste l’exposition du monde qui nous environne. En tant que signe, elle peut (en première instance, selon moi) être vue comme une sorte particulière de signe : un index. Car un tel genre d’éclairage — immanent, ponctuel et significatif — désigne quelque chose du monde environnant. C’est un index, c’est-à-dire un signe en relation de contiguïté existentielle, physique et dynamique avec ce à quoi il réfère : en l’occurrence, un ici et maintenant bien concret. Mais ce signe peut aussi être vu comme une image ou un symbole référant à ce même morceau de monde (si l’on se situe du point de vue du caractère ressemblant du signe avec ce à quoi il réfère, en ce qui concerne l’image qu’évoque tel ou tel éclairage, ou du point de vue de son caractère conventionnel, en ce qui concerne le symbole que représente tel ou tel éclairage). Mais pourquoi nos dispositions à sentir, à agir et à penser ne nous permettent-elles plus vraiment de voir ce qui est là, devant nos yeux ? Qu’avons-nous perdu ? De quelle sorte de cécité sommes-nous atteints ? Pouvons-nous ou voulons-nous comprendre de quoi nous sommes malades ? D’où la dernière question : comment concevoir un éclairage qui puisse relever à la fois de l’exposition, de l’œuvre d’art et de la thérapie ? Et ma façon de répondre : l’éclairage comme index, c’est-à-dire comme indice de notre présence au monde, direction à suivre et début de diagnostic !
Réfléchir à l’urbain, remettre sans cesse en question tous les paramètres composant une cité, une communauté, est toujours indispensable. Les événements récents en France (l’embrasement des cités) ont prouvé qu’il y a même une extrême urgence. Les structures des cités sont en mouvement continuel. Ce développement nécessite une réflexion intense et ininterrompue, une prise en compte de tous les partis, une conscience des changements et par conséquent une adaptation aux besoins actuels pour le bien de tous. Il s’agit d’un flux avec des demandes et des attentes sans cesse nouvelles. Cette prise de conscience présuppose des plates-formes d’écoute et de discussion. Le sujet est extrêmement complexe et les enjeux sont énormes. Ne faudrait-il pas d’abord poser les questions avant de vouloir trouver des réponses, formuler et décortiquer les problématiques avant de présenter des solutions ? Remettre toutes les données en question, aussi évidentes qu’elles paraissent ?
Répondre à une liste de désirs immédiats aboutit à un « aménagement », un « équipement » de la ville, trop superficiel, sans envergure et sans persistance dans le temps. Il est difficile de foncer en tirant le frein à main
. (Michel Verjux, 2005)


Biographie

Michel Verjux est né en 1956 à Chalon-sur-Saône (France). Après une pratique du dessin et de la poésie (1968-1983), du théâtre (1976-1979), de la performance et de l’installation multimédia (entre 1979 et 1983), c’est à partir de 1983 qu’il se consacre exclusivement aux arts plastiques.
Le travail de Michel Verjux est présenté dans les lieux d’exposition mais il est visible également dans l’espace public urbain dans le cadre de commandes publiques pour lesquelles l’artiste a créé des œuvres permanentes.
Il met alors en place un langage visuel volontairement épuré, réduit à la condition minimale d’existence et de perception de l’œuvre d’art : la lumière – son matériau privilégié – venant jouer avec l’espace, le regard et le parcours du visiteur. Considérant qu’« éclairer, c’est déjà exposer », Michel Verjux travaille alors au moyen de l’« éclairage » sur le mode de la lumière projetée. L’éclairage devient son unique outil visuel.
Ses projections de lumière blanche, cadrées, orientées et focalisées, recouvrent les surfaces murales, ou autres, d’espaces intérieurs (lieux d’exposition, appartements, etc.) ou celles d’architectures extérieures. Des projections qui peuvent être vues comme de simples images ou figures géométriques dessinées dans l’espace, mais qui, pour l’artiste, sont aussi et surtout les indices, les révélateurs d’une situation et le symbole même de l’exposition du monde à nos yeux.

(Extrait du communiqué de presse de l’exposition « Retrospectare Humanum Est » - 2014 - au CCCOD à Tours)


michel.verjux@wanadoo.fr
http://www.michel-verjux.net

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