Camille FALLET


France (Cergy Pontoise)

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© camille fallet

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L'espace des métropoles, dans le passé récent, a été particulièrement sollicité sur ses franges par la périurbanisation et les implantations d'équipements, provoquant une fragmentation du territoire agricole et sa fragilisation. L'atelier propose de reconsidérer le rôle et la forme de ces espaces qui absorbent le développement urbain en les associant pleinement à la vision d'avenir d'une métropole durable. Les équipes feront notamment des propositions pour faciliter le fonctionnement de l'activité agricole et élargir, dans la couronne urbaine, la palette des projets possibles pour garder des espaces ouverts, souvent privés, qui remplissent des rôles d'intérêt collectif


Artiste en résidence : Camille FALLET

L'Éventail de routes menant à Melun aurait pu structurer le territoire de la Ville Nouvelle de Sénart, mais c'est un monumental Centre commercial qui en est le cœur franchisé. Par une belle échappée l'artiste parvient au parvis (Pascal Cribier, Paysagiste) de la gare de Moissy-Cramayel : une acculturation bienvenue face à la prolifération des lotissements. Camille Fallet gravit alors de « drôles de montagne » qui mettent à mal les horizons infinis de ce plateau industrialo-agricole de la Brie. Constituées (normalement) de déblais inertes de la construction de la Métropole, auxquels vont s'ajouter pour partie ceux des chantiers du Grand Paris (150 kms de tunnel soit 20 millions de m3) et du canal Seine-Nord Europe (106 kms en cours de chiffrement), ces buttes artificielles constituent des belvédères précieux pour l'artiste-photographe qui y « formalise tous les enjeux de l'Ateliers ».


Programme-territoire-thème

« … Sur des kilomètres d’immenses paysages répétitifs défilent. Malgré un ciel chargé s’extirpent de belles percées d’une lumière de fin d’été. J’emprunte la rocade nord de Melun en suivant la direction de Sénart. Très rapidement les panneaux de direction disparaissent. Je décide alors de sortir à Carré Sénart. Un grand centre commercial blanc «Carrefour» me fait face. Je contourne le bâtiment et je me gare à l’arrière. A l’entrée du Centre on entend distinctement une musique «printanière» et qui, je suppose, se veut rassurante. A l’intérieur une autre musique d’ambiance feutre l’atmosphère. Je m’engage dans un «Virgin Mégastore» à la recherche d’une carte routière de la Seine et Marne. Après être passée à la caisse je décide de faire un tour du centre commercial pour en observer son fonctionnement. De longs tapis roulants inclinés sur lesquels, happés par le décor, des badauds accrochés à leurs caddies se laissent dériver. Végétations intérieures, balcons, place centrale et dizaines de boutiques comme partout.
Je déplie la carte sur le volant ... Melun... Ville nouvelle de Sénart... J’ai trouvé. Sur la carte la ville est indiquée dans un vide coincé entre Combs-la-ville et Moissy-Cramayel. Mais pas de dessins de ville. C’est comme si elle s’était volatilisée. Je décide de rejoindre Moissy-Cramayel. Le lieu m’apparait le plus proche de la supposée ville de Sénart, en me disant qu’une ville ne peut pas être qu’un simple centre commercial. Comme je me laisse aller à conduire j’arrive par le nord de l’agglomération. S’y étalent de petites maisons individuelles en série que je connais par cœur pour en avoir très souvent photographiées. Après avoir tourné et retourné dans ce bourg sans âme, je tombe sur une ancienne ferme accolée à un petit lotissement flambant neuf. A l’arrière, se dresse une drôle de montagne créant ainsi un collage insolite. Un chemin de terre s’y dirige. Je m’y engouffre. J’oublie volontairement de voir sur la barrière ouverte le panneau «chantier interdit au public» Je passe une bonne heure à tourner en rond pour réussir à sortir après avoir constaté que tous les portails étaient fermés. Malgré les ornières et après une petite marche vigoureuse, je me hisse au sommet.
Du haut de cette butte s’étale en contrebas un paysage plat où se juxtaposent, sur la ligne d’horizon : des champs en train d’être cultivés par d’énormes tracteurs, des voies rapides sur lesquelles se détachent les silhouettes de voitures et de camions en file indienne, des grappes de lotissements, des plates-formes logistiques, des châteaux d’eau, des silos à grain, d’immenses antennes, des couloirs de lignes à haute tension, d’autres merlons en construction et, à mes pieds, la carcasse d’un lapin mort gît.
Pour la première fois se formalisent sous mes yeux tous les enjeux de l’Atelier...»

Matériel disponible

Illustrations issues du fascicule : « FLAT - Components of the landscape around Sénart » - de Camille Fallet - produit dans le cadre du 28ème Atelier de maîtrise d’œuvre urbaine de Cergy-Pontoise en 2010.



Biographie

Né en 1977 (Les Lillas, France), diplômé de l'École supérieure des beaux-arts de Nantes et du Royal College of Art de Londres, Camille Fallet se destinait tout d’abord à la bande dessinée mais après avoir étudié le neuvième art à Angoulême, il s’oriente peu à peu vers la photographie.
Son oeuvre aborde la question du territoire et de ses représentations. Il photographie la ville au hasard de ses déambulations, sans revendiquer une connaissance particulière de l’histoire des lieux. Camille Fallet s’intéresse au vernaculaire. Il réalise ainsi une sorte d’état des lieux de l’urbanisation. Plus généralement, son travail se concentre sur l'architecture «moderne», les espaces intermédiaires et les circulations multiples qui constituent les territoires urbanisés. Son travail dépasse cependant le caractère purement documentaire qu'on pourrait lui attribuer hâtivement. C'est en effet le décalage entre l'ordinaire du sujet et la portée polémique de sa représentation qui est au cœur du travail de Camille Fallet.


contact :
camillefallet@gmail.com
http://www.camillefallet.com

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