Romain PELLAS


France (Cergy Pontoise)

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© romain pellas

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L'espace des métropoles, dans le passé récent, a été particulièrement sollicité sur ses franges par la périurbanisation et les implantations d'équipements, provoquant une fragmentation du territoire agricole et sa fragilisation. L'atelier propose de reconsidérer le rôle et la forme de ces espaces qui absorbent le développement urbain en les associant pleinement à la vision d'avenir d'une métropole durable. Les équipes feront notamment des propositions pour faciliter le fonctionnement de l'activité agricole et élargir, dans la couronne urbaine, la palette des projets possibles pour garder des espaces ouverts, souvent privés, qui remplissent des rôles d'intérêt collectif.

Artiste en résidence : Romain PELLAS

Basé sur son expérience artistique personnelle et un travail d’auto-construction, mené depuis de très longues années, Romain Pellas observe avec curiosité cette marge entre la ville et le milieu agricole, grignotée au-delà des agglomérations. Cet espace non résolu est pour lui, le terrain de prédilection pour ses projets. Par des changements d’échelle il introduit une dimension sensible et d’appropriation.


Programme-territoire-thème

J’ai été invité en tant qu’artiste en 2010 par l’Université d’été de Cergy-Pontoise dans le cadre des « Ateliers maitrise d’œuvre urbaine », pour rencontrer et suivre les projets de jeunes urbanistes en devenir, venant des quatre coins du monde. Le sujet proposé était l’interface rural/urbain des grandes métropoles, centré sur l’étude spécifique de la région Est du Grand Paris, avec l’élaboration de projets de ville nouvelle.

J’ai accepté l’invitation, d’une part parce que les structures urbaines et l’enchevêtrement des villes font partie de mes sources de réflexions. L’amoncellement, l’accumulation du bâti et son rapport à la nature m’ont toujours fasciné. Cette complexité est pour moi matière à penser et inspiration pour faire mon travail d’artiste.

D’autre part, parce que «Le Village», construction commencée à l’enfance dans la maison familiale, se situe justement en Seine-et-Marne à l’Est de Paris dans la région que les étudiants devaient étudier. A l’évidence «Le Village» serait mon point d’ancrage pour leur parler de mon travail artistique, car c’est là que tout avait commencé pour moi dans le développement de ma pratique artistique.

Je ne connaissais pas grand-chose à l’urbanisme à proprement parler, je me suis donc documenté auprès d’amis urbanistes et architectes qui m’ont ouvert leurs bibliothèques, m’ont parlé et montré un choix de documents et de livres sur le sujet, comme les premiers lotissements, le développement des banlieues, la construction des voies du métro-express (le RER), les premiers échangeurs comme celui de La Défense. Je me suis aussi intéressé au livre « Paysage en mouvement » de Marc Desportes, qui traite de façon historique l’évolution et le développement du paysage au fur et à mesure que les chemins, les routes et autoroutes ont été créés.

J’ai découvert que c’était en France dans les années 1950-1960 que des urbanistes avaient réfléchi à ce que voulait dire l’urbanisme en tant que tel, projetant le Schéma Directeur sous la direction de Paul Delouvrier, dans l’idée objective de sortir Paris hors de son agglomération, créant des axes et imaginant des villes nouvelles.

C’est donc dans un esprit de rencontre, de juxtaposition de mon travail artistique avec celui des jeunes urbanistes en devenir que j’ai organisé mon intervention avec eux. J’ai compris que ces rencontres ne pourraient se produire que si nos idées et pensées se confrontent sur le terrain. Je suis donc allé plusieurs fois discuter avec les groupes d’étudiants et j’ai suivi et vu s’élaborer, selon les projets imaginés, une ville nouvelle contemporaine résolument utopique, ou au contraire un projet posant des directives bien ancrées dans le réel.

J’ai invité les étudiants à venir sur le site de la maison familiale au Montcel de Frétoy, où entre 1974-2014 j’avais construit « Le Village ».
Ce village débuté à l’enfance s’est prolongé au-delà de l’adolescence, car j’ai toujours aimé et ressenti le besoin construire, et j’ai toujours été fasciné par l’aspect visuel et spectaculaire de la représentation des villes. Elaborer une ville en extérieur au bord d’une mare dans la campagne, installer un ensemble d’éléments à partir de matériaux divers, les assembler pour représenter une ville se reflétant dans l’eau, est devenu plus qu’un jeu d’enfant, cela est devenu un travail d’art.
Ce que j’ai partagé avec les étudiants, lors de nos rencontres c’est l’intérêt, la curiosité et l’observation de cette marge entre la ville et le milieu agricole, grignotée au-delà des agglomérations déjà installées, qui montre ce désir insatiable et fascinant à conquérir des terres vierges, pour occuper de nouvelles zones. Cet espace non résolu est pour eux, urbanistes ou architectes, comme pour moi, un terrain de prédilection pour nos projets.

Ces phénomènes s’auto-multiplient de manière artificielle, luttant les uns contre les autres sans qu’aucune liaison ne soit faite. Visuellement en observant ces zones, nous constatons un monde de désastre, d’incohérence globale, de non-harmonie, ne prenant pas en compte la lumière, l’air, la tranquillité, le sens de perspective. Ce n’est qu’un enchevêtrement insatiable retournant tout sur son passage sans pouvoir entrevoir du sens. Ce n’est que notre regard qui recompose, redécoupe, imagine, projette, une impression. Cette vision, ce point de vue, est la source principale dont j’ai besoin pour fabriquer mon travail. La prolifération des villes produit chez moi l’effet inverse d’une noyade, elle me permet de fabriquer et d’y entrevoir ce que je veux faire.

Matériel disponible
4 dessins (4)
Cartographies (8)
Photos du territoire urbain/nature (11)


Biographie
Né en 1961 à Paris Romain Pellas est un artiste qui pratique le dessin, la construction et la photographie, au service d’une œuvre qui se construit sur un mode d’assemblage et d’accumulation et se traduit par des installations ou des dispositifs mis en place aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Il réalise des constructions-sculptures qu’il insère dans un environnement réel en les mettant en confrontation avec différents aspects du contexte investi : le trottoir, la chaussée, un champ, une rivière, le fleuve, la mer, un appartement, une galerie, un musée, un centre d’art.
Il conçoit et réalise des dessins qui sont directement liés à ses constructions et également des travaux sur papier réalisés de façon impulsive, lesquels représentent des schémas mentaux. Ces derniers sont une vision intérieure de ce que sont les constructions et, en cela, les constructions et les dessins se complètent.
Romain Pellas réalise en même temps des photographies de ses créations quand elles sont présentées dans des lieux spécifiques. Une prise de vue est faite et c’est ce qui restera de ce qui a été : le travail et son contexte.

Contact
Romain Pellas
187 rue du Faubourg Poissonnière
75009 Paris
romainpellas@gmail.com
https://romainpellas.com


https://romainpellas.com


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Dossier réalisé par art-public.com